Présence de l’Éternel dans la profondeur du silence

Prédication de Morgane Montenegro Paillard apportée lors du culte du 9 août 2020 au temple de l’Eglise Protestante Unie de Soulac sur Mer (33)

Lecture biblique

1 Roi 19 : 9-13

9. Là-bas, il entra dans la grotte et y passa la nuit. Soudain la parole du SEIGNEUR lui parvint, qui lui disait : Que fais-tu ici, Elie ?

10. Il répondit : J’ai montré une passion jalouse pour le SEIGNEUR, le Dieu des Armées ; car les Israélites ont abandonné ton alliance, ils ont rasé tes autels, ils ont tué tes prophètes par l’épée ; moi, je suis resté, seul, et ils cherchent à me prendre la vie !

11. Il reprit : Sors et tiens-toi dans la montagne, devant le SEIGNEUR. Or le SEIGNEUR passait. Un grand vent, violent, arrachait les montagnes et brisait les rochers devant le SEIGNEUR : le SEIGNEUR n’était pas dans le vent. Après le vent, ce fut un tremblement de terre : le SEIGNEUR n’était pas dans le tremblement de terre.

12. Après le tremblement de terre, un feu : le SEIGNEUR n’était pas dans le feu. Enfin, après le feu, un calme, une voix ténue.

13. Quand Elie l’entendit, il s’enveloppa le visage de son manteau, sortit et se tint à l’entrée de la grotte. Soudain une voix lui dit : Que fais-tu ici, Elie ?

Dans le livre des Rois que nous venons de lire, Élie est en fuite.

Il est poursuivi par Jézabel, reine du royaume du nord. Le courroux de cette dernière est sans précédent car Élie vient de tuer tous les prophètes de Baal, Dieu des Cananéens, qu’elle vénère.

Persécuté, Élie, tel Moïse, se réfugie dans une grotte où il sera témoin de la révélation divine. Cette révélation va revêtir un caractère particulier. Dans un premier temps, à l’instar de Moïse à qui Dieu se révéla à travers le tonnerre et les éclairs, Élie est tenté de voir dans les manifestations naturelles (vent violent, tremblement de terre, feu) la présence de l’Éternel.

Le caractère de cette révélation peut en effet, de prime abord, prêter à confusion. En effet, l’Éternel s’adresse à Élie en ces termes :

«Sors et tiens-toi sur la montagne devant l’Éternel ; l’Éternel va passer ».  

Des phénomènes naturels violents suivent de suite les paroles de l’Éternel : vent violent, tremblement de terre, feu. Cependant, de nombreuses épreuves ont permis à Élie de transformer sa perception de Dieu. Il réalise que Dieu n’est ni dans la violence ni dans la brutalité des éléments.

Dieu est, au contraire, dans ce « son à peine perceptible », dans un silence profond.

Je suis tentée ici de faire un lien entre la révélation divine faite à Élie et la conjoncture actuelle. Comme à l’époque d’Élie, dans les épreuves que le monde vient de traverser, Dieu n’était pas dans l’adversité et la violence de la pandémie de coronavirus. Il était dans le silence, dans la compassion avec les victimes et leurs proches.

Cette présence divine, à peine palpable et visible, et pourtant bien présente, nous renvois aux propos de Luther. Ce dernier dit ainsi que cette présence ne peut être ni « vue, ni datée, ni située, ni capturée, ni sentie, ni vêtue. Ce que l’on voit et sent n’est rien. Ce n’est rien si tu interroges tes cinq sens, ta raison, ta sagesse. C’est tout autre chose qui fait un chrétien, quelque chose dont tu ne perçois même pas un soupir. »

C’est dans ce silence que Dieu nous soutient et nous aide à surmonter les épreuves, c’est aussi dans ce silence que Dieu nous insuffle le courage et la force intérieur pour aller de l’avant et trouver notre propre chemin.

Lecture biblique

Matthieu 14 : 22-33

22. Ensuite, il obligea les disciples à monter dans le bateau et à le précéder sur l’autre rive, pendant qu’il renverrait les foules.

23. Après avoir renvoyé les foules, il monta sur la montagne pour prier à l’écart ; le soir venu, il était encore là, seul.

24. Le bateau était déjà à plusieurs stades de la terre, malmené par les vagues ; car le vent était contraire.

25. A la quatrième veille de la nuit, il vint vers eux en marchant sur la mer.

26. Quand les disciples le virent marcher sur la mer, ils furent troublés et dirent : C’est un fantôme ! Et, dans leur crainte, ils poussèrent des cris.

27. Jésus leur dit aussitôt : Courage ! C’est moi, n’ayez pas peur !

28. Pierre lui répondit : Si c’est toi, ordonne-moi de venir vers toi sur les eaux.

29. — Viens ! dit-il. Pierre descendit du bateau, marcha sur les eaux et vint vers Jésus.

30. Mais en voyant que le vent était fort, il eut peur, et, comme il commençait à couler, il s’écria : Seigneur, sauve-moi !

31. Aussitôt Jésus tendit la main, le saisit et lui dit : Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ?

32. Ils montèrent dans le bateau, et le vent tomba.

33. Ceux qui étaient dans le bateau se prosternèrent devant lui et dirent : Tu es vraiment Fils de Dieu !

Ce passage des Rois peut également être mis en relation avec l’Évangile de Matthieu que nous venons de lire.

Nous remarquons ainsi que les disciples de Jésus, montés dans « une barque battue par les flots » (verset 24) sont en plein cœur de la tempête et du vent déchaîné (verset 30).

Jésus, dans ce passage, invite Pierre à surmonter sa peur et à se laisser guider par la confiance.  Lorsque les disciples virent Jésus marcher sur l’eau, ces derniers furent remplis d’incrédulité et de doute. Malgré les efforts de Jésus pour les rassurer, ces derniers restèrent méfiants. Au verset 28, Pierre demanda alors à Jésus de lui ordonner de marcher sur les eaux pour venir à lui. Il marcha sur les eaux mais fut rempli de doute et commença à couler jusqu’au moment où Jésus le rattrapa.

Ce passage, à l’instar de la révélation divine faite à Élie,  nous montre que Jésus invite les disciples à avoir confiance, à avancer malgré les adversités et les bouleversements climatiques et à fortifier leur foi, dans toutes les circonstances.

Au verset 32,  « les disciples montent dans la barque et le vent se calme ».  Rappelons que Dieu n’est pas dans la violence des événements, dans l’adversité mais qu’il nous accompagne à la surmonter pour trouver force et paix intérieure.

Dans les épreuves, Dieu nous soutient mais en même temps compatit et souffre à nos côtés.  Les épreuves difficiles vécues dans le confinement peuvent venir appuyer cette vision. Au cœur de la tempête, des deuils, des difficultés rencontrées, Dieu était présent et a insuffler un vent de solidarité, de compassion et d’entraide.

Le personnel soignant, malgré les risques encourus, s’est dévoué corps et âme pour nous soigner, les caissiers et caissières ont continué à travailler pour que nous puissions nous nourrir. De nombreuses initiatives locales ont vu le jour (entraide entre voisins, dans les quartiers, etc). Sans compter le personnel de certains  EHPAD qui ont choisi, malgré les contraintes familiales, de rester confiner avec les personnes âgées afin d’éviter de les contaminer.

Enfin, foi et confiance se trouvent au cœur de cette présence invisible qu’est le Seigneur. Pour ressentir cette présence, restons en silence un instant et ouvrons nos cœurs. « La vérité en Christ » cité dans Romain 9 verset 1, révèle ce que Élie cherchait déjà probablement, la présence intime et silencieuse d’un Dieu d’amour et de compassion.

Amen.

Lecture biblique

Romains 9 : 1-5

1. Je dis la vérité dans le Christ, je ne mens pas, ma conscience m’en rend témoignage par l’Esprit saint :

2. j’ai une grande tristesse et un tourment continuel dans le cœur.

3. Car je souhaiterais être moi-même anathème, séparé du Christ, pour mes frères, les gens de ma parenté selon la chair,

4. eux qui sont les Israélites, à qui appartiennent l’adoption filiale, la gloire, les alliances, la loi, le culte, les promesses,

5. les pères, et de qui est issu, selon la chair, le Christ, qui est au-dessus de tout, Dieu béni pour toujours ! Amen !

Contact