« Venez à l’écart, reposez-vous un peu ! »

Prédication de la pasteure Nadine Py au temple de Soulac le dimanche 8 août 2021 sur:

Marc 6, v.30 à 34

30Les apôtres se réunissent auprès de Jésus et ils lui rapportèrent tout ce qu’ils avaient fait et tout ce qu’ils avaient enseigné.  31Il leur dit : « Vous autres, venez à l’écart dans un lieu désert et reposez-vous un peu. » Car il y avait beaucoup de monde qui venait et repartait, et eux n’avaient pas même le temps de manger.  32Ils partirent en barque vers un lieu désert, à l’écart.  33Les gens les virent s’éloigner et beaucoup les reconnurent. Alors, à pied, de toutes les villes, ils coururent à cet endroit et arrivèrent avant eux.  34En débarquant, Jésus vit une grande foule. Il fut pris de pitié pour eux parce qu’ils étaient comme des brebis qui n’ont pas de berger, et il se mit à leur enseigner beaucoup de choses. 

« Venez à l’écart, reposez-vous un peu ! »

Voilà bien une invitation qui tombe à pic pour un dimanche d’été ! Beaucoup sont en vacances, et même pour ceux qui ne le sont pas, il y a dans l’air une atmosphère différente du reste de l’année, nous sommes plus enclins à prendre du temps, pour nous-mêmes, pour les rencontres amicales, les retrouvailles familiales, beaucoup de nos activités habituelles sont en pause, nous vivons à un rythme différent…

« Venez à l’écart, reposez-vous un peu ! »

Ici Jésus s’adresse aux « apôtres » – c’est la seule fois dans l’Evangile de Marc que ce terme précis est utilisé, d’habitude il parle des « disciples » ; cette petite nuance s’explique parce que « apôtre » signifie « envoyé », et que juste avant, au début du chapitre, Jésus envoie ses disciples, deux par deux, pour prêcher et soigner. Nous sommes, avec ce passage, au moment où les « envoyés » rentrent de leur mission, ils reviennent avec, dans leur cœur, tout ce qu’ils ont vécu, et ils ont envie de le partager avec Jésus, de lui raconter tout ce qu’ils ont fait et enseigné.

« Venez à l’écart, reposez-vous un peu ! »

Jésus entend, comprend ce besoin qu’ont ses disciples de prendre du temps avec lui, de pouvoir raconter tranquillement ce qu’ils vécu, de pouvoir partager leurs découvertes, leurs prouesses ou leurs questions, leurs succès et leurs défaites. Comme eux, nous avons besoin de ces temps de pause, ces temps où nous pouvons nous raconter, dire nos fatigues et nos coups de cœur, nous avons besoin de trouver des oreilles amies et des cœurs ouverts à nos états d’âme… Jésus tient compte de ce besoin, de cette nécessité : « Venez à l’écart, reposez-vous un peu ! »

Oui vraiment, après cette année scolaire qui a été difficile, et pas seulement pour les jeunes, après tous ces mois où nous avons été bousculés dans nos habitudes, où nous avons dû faire face à l’inquiétude, nous adapter à de nouvelles façons de vivre, nous aspirons à nous « reposer », à reprendre souffle, à retrouver la sérénité dans nos cœurs, la joie des rencontres et des retrouvailles.

Jésus propose donc du repos, et il fait plus que le proposer, il emmène ses amis « à l’écart » – et je peux bien imaginer que les disciples, massés dans la barque, ont commencé à sentir la fatigue de leur tournée missionnaire leur tomber sur le dos… bercés par les flots certains se sont peut-être endormis ? J’aime voir dans ce texte que Jésus tient compte du besoin de repos de ses disciples, j’y lis que Dieu ne nous demande pas d’être des super-héros qui ne se reposeraient jamais, mais qu’il tient compte de nos capacités, il est conscient – plus que nous-mêmes parfois ? – de notre finitude, de nos limites.

Seulement voilà… comme souvent, la réalité rattrape les disciples, et leur repos semble bien compromis par la foule et ses besoins, par la détresse, la fatigue et l’errance de ceux qui sont « comme des brebis sans berger ».

Jésus et ses amis avaient pourtant pris le large sans attendre, ils étaient rapidement montés dans la barque, sans dire où ils allaient… mais voilà que la foule les a même précédés ! Ce n’est sans doute pas anodin que l’Evangile mentionne que la foule a été plus rapide à pied, que la barque… cela paraît curieux pourtant ! mais c’est peut-être une façon de dire que l’important, dans cette histoire, ce n’est pas tant la vraisemblance des faits, que ce qu’elle dit des disciples et de Jésus, de nous et de Dieu…

On peut y lire que la mission n’attend pas, que le repos n’est pas pour le temps de notre vie terrestre, que quand on est disciple du Christ on se doit aux autres, à tout moment, et tant pis pour la fatigue. Que l’annonce de l’Evangile est une urgence, une nécessité, un impératif qui ne souffre pas de délai, d’attente. Et que Jésus lui-même ne peut pas offrir de repos à ses amis, malgré le souhait qu’il a exprimé…

Ou alors… on peut lire que c’est Jésus qui prend pitié de la foule, et que c’est lui qui se met à leur enseigner beaucoup de choses… et que « beaucoup de choses » cela peut prendre beaucoup de temps peut-être ? et que pendant ce temps, les disciples ont pu se reposer…

On peut y lire que parfois, il faut accepter de laisser à Dieu la barre de notre barque, accepter de ne pas tout pouvoir, de ne pas tout contrôler. Accepter nos limites et notre besoin de repos, accepter de recevoir d’un Autre le ressourcement dont nous avons besoin.

Parce qu’après tout, les disciples seront certes mis à contribution, dès les versets suivants, pour nourrir cette grande foule – mais pour l’heure, ils sont assis (ou peut-être couchés ?), et ils bénéficient, eux aussi, des enseignements de Jésus. Ils peuvent puiser, eux aussi, avec la foule, à la source de vie.

Qu’il nous soit donné de vivre des temps de repos, de ressourcement, de savoir les savourer, d’accepter que nous ne pouvons pas tout faire – pour que, le moment venu, nous puissions à nouveau être des disciples joyeux et disponibles. amen


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