Rien n’est impossible pour Dieu

Prédication de Morgane Montenegro du 5 septembre 2021 au Temple de Soulac

1ère lecture biblique

Le désert et le pays desséché s’égayeront ;
la plaine aride tressaillira d’allégresse et fleurira comme le narcisse ;
elle se couvrira de fleurs et tressaillira avec chants d’allégresse et cris de joie ;
la gloire du Liban lui sera donnée, la magnificence du Carmel et de la plaine côtière.
Ils verront la gloire du SEIGNEUR, la magnificence de notre Dieu.
Rendez fortes les mains faibles, affermissez les genoux qui font trébucher ;
dites à ceux dont le cœur palpite : Soyez forts, n’ayez pas peur : il est là, votre Dieu !
La vengeance viendra, la rétribution de Dieu ; il viendra lui-même vous sauver.
Alors les yeux des aveugles seront dessillés, les oreilles des sourds s’ouvriront ;
alors le boiteux sautera comme un cerf, et la langue du muet poussera des cris de joie.
Car de l’eau jaillira dans le désert, des torrents dans la plaine aride.
Le lieu torride se changera en étang et la terre de la soif en fontaines ;
dans le domaine où se couchaient les chacals, il y aura place pour les roseaux et les joncs.

Esaïe 35 : 1-7

Rien n’est impossible pour Dieu :

 

Du désert le plus aride naissent l’allégresse et la joie

 

Chers paroissiens,

 

Dans les premiers versets de ce passage du chapitre 35, le prophète Ésaïe évoque la « joie », « l’allégresse » et la « magnificence de Dieu ».

Cette joie, si intense,  semble tout transcender jusqu’au désert ou la plaine les plus arides et le « pays » le plus « desséché ».

A la lecture de ces premières phrases, j’ai de suite pensé à Etty Hillesum, jeune femme juive connue durant la 2nde guerre mondiale pour avoir tenu un journal intime et écrit des lettres depuis le camp de transit de Westerbork aux Pays-Bas. Malgré des conditions de vie d’une atroce violence et au milieu de l’horreur du nazisme, elle ne cessa de cultiver un immense amour de la vie et une foi inébranlable en l’être humain. Christ n’a-t-il pas aussi subi d’effroyables souffrances et pourtant, c’est à travers lui que Dieu nous a transmis tout son amour et toute sa joie.

 

Ésaïe tente certainement de nous faire comprendre ici que, pour Dieu, rien n’est impossible. Ce dernier nous donne la force de surmonter les épreuves, même les plus difficiles. En plein contexte de crise sanitaire, de nombreuses personnes on dû supporter la maladie ou ont perdu des êtres chers.

Ils nous semble peut être parfois être dans ce désert évoqué par Ésaïe, aride, où rien ne pousse et où tout espoir est annihilé. Cependant, si nous reprenons le 1er verset du chapitre 35, nous nous rendons compte que, même du désert le plus aride, peut surgir la joie et l’allégresse.

 

De même que le désert évoqué par le prophète, force et courage peuvent surgir de l’homme affaibli. Nous lisons ainsi au verset 3, chapitre 35, que les « mains faibles » sont rendues « fortes », puis, plus loin, que les genoux « qui font trébucher » sont « raffermis » et ceux qui ont le « cœur » qui « palpite » ne doivent plus avoir peur et doivent être forts.

Il semble ici que le prophète Ésaïe nous invite à nous appuyer sur Dieu, à avoir confiance, car, de lui, l’homme tire sa force. Nous pouvons nous demander : qu’est-ce que s’appuyer sur Dieu ? Qu’est-ce que cela signifie pour vous ?

 

Eh bien, je pense que nous appuyer sur Dieu, dans les moments les plus sombres de notre vie, dans le deuil, la maladie, le désespoir, c’est nous abandonner en toute confiance, sans vouloir nous élever vers Lui, car c’est lui-même qui viendra nous sauver.

 

A partir du verset 5, il est fait référence à plusieurs sens : la vue et l’ouïe.

Nous pouvons lire : « les yeux des aveugles seront dessillés », l’homme sortira ainsi de l’aveuglement en ouvrant les yeux. « Les oreilles des sourds s’ouvriront ».

Qu’est-ce que pour vous être sourd et aveugle ? A quoi le prophète Ésaïe se réfère t-il ?

C’est une question qui peut vous paraître très simple. Au sens premier, être sourd signifie ne pas entendre et aveugle ne pas voir. Cependant, je vous invite un moment à dépasser les apparences et à voir au-delà des mots. Selon moi, les termes « aveugles et sourds » peuvent être interprétés, dans ce passage, au sens métaphorique.

Si nous dépassons le sens propre du handicap ou d’absence de sens, nous pouvons interpréter ces versets comme une porte ouverte vers une autre réalité. Abandonnant toute méprise, tout mensonge, l’homme voit et entend enfin.

 

Il en va de même au verset 6 pour « la langue du muet » qui « poussera des cris de joie ». Ce passage d’Ésaïe peut d’ailleurs nous renvoyer à Jésus, dans l’Évangile de Marc (chapitre 7, verset 37), qui « fait (…) entendre les sourds et parler les muets ».

 

2ème lecture biblique

Il sortit du territoire de Tyr et revint par Sidon vers la mer de Galilée, en traversant le territoire de la Décapole.
On lui amène un sourd qui a de la difficulté à parler, et on le supplie de poser la main sur lui.
Il l’emmena à l’écart de la foule, lui mit les doigts dans les oreilles, cracha et lui toucha la langue avec sa salive ; puis il leva les yeux au ciel, soupira et dit : Ephphatha — Ouvre-toi ! Aussitôt ses oreilles s’ouvrirent, sa langue se délia ; il parlait correctement.
Jésus leur recommanda de n’en rien dire à personne, mais plus il le leur recommandait, plus ils proclamaient la nouvelle.
En proie à l’ébahissement le plus total, ils disaient : Il fait tout à merveille ! Il fait même entendre les sourds et parler les muets.

Marc 7 : 31-37

 

Ces exemples nous montre que Dieu nous soutient et nous guide si nous acceptons de nous abandonner à lui en toute confiance.

 

Si nous reprenons le chapitre 7 de l’Évangile de Marc, le miracle ne réside pas tant dans le fait que Jésus ait guéri un sourd-muet, mais plutôt dans la confiance absolue que semble avoir ce dernier en lui. « Ses oreilles s’ouvrirent, sa langue se délia ; il parlait correctement ». Là aussi, allons au-delà du sens littéral car ici, Jésus semble davantage tendre la main à un malheureux pour lui proposer une autre réalité, loin de l’aveuglement et du mensonge.

 

Au-delà de la référence aux sens, le prophète Ésaïe nous présente un monde plus paisible, aussi bien pour les aveugles, les sourds ou les muets mais aussi pour la nature. En effet, « de l’eau jaillira dans le désert, des torrents dans la plaine aride », « le lieu torride se changera en étang et la terre de la soif en fontaines ». Ces quelques verset nous montrent que la magnificence de Dieu est si puissante qu’elle est capable de faire jaillir la joie et la vie, même dans le endroits les plus improbables, tels que le désert.

 

Ces deux textes dans Ésaïe et l’évangile de Marc nous invitent à réfléchir sur la force de Dieu qui nous porte, malgré nos faiblesses, notre aveuglement, notre surdité face au monde qui nous entoure.

Nous sommes amenés à repenser notre rapport au monde, à ouvrir nos yeux et nos oreilles en allant au-delà des simples apparences, afin de nous confronter à une autre réalité, de nous abandonner à un Dieu d’amour, de magnificence et de compassion.

Fort de cette confiance en Dieu, l’homme a le pouvoir de changer son rapport au monde, aux autres, à sa famille, à ses enfants, à l’étranger qui lui tend la main, au malade, mais aussi son rapport à la nature, à son environnement, aux choses qui l’entourent.

Cette ouverture vers une autre réalité nous invite à creuser dans notre humanité la plus intime mais aussi, peut être, à nous méfier des apparences, des faux-semblants et des tentations de ce monde.

 

Dieu ouvre nos yeux et nos oreilles pour nous sauver en allant au-delà des apparences de ce monde.

Amen

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