Le toucher

Prédication de la pasteure Françoise Vinard du 4 septembre 2022 au Temple du Hâ

Le toucher

Après avoir traversé le lac, les disciples et Jésus arrivèrent dans la région de Génésareth et y abordèrent. Dès qu’ils furent sortis de la barque, les gens reconnurent Jésus et parcoururent tous les environs ; ils se mirent à apporter les malades sur des brancards là où ils apprenaient sa présence. Partout où il arrivait, dans les villages, dans les villes ou dans les campagnes, on mettait les malades sur les places publiques et on le suppliait de leur permettre seulement de toucher le bord de son vêtement. Tous ceux qui le touchaient étaient guéris.

 

Marc 6 : 53 à 56

Une femme qui souffrait d’hémorragies depuis 12 ans s’approcha par-derrière et toucha le bord de son vêtement, car elle se disait : « Si je peux seulement toucher son vêtement, je serai guérie. » Jésus se retourna et dit en la voyant : « Prends courage, ma fille, ta foi t’a sauvée. » Et cette femme fut guérie dès ce moment.

 

Matthieu 9 : 20

Une main de femme posée sur deux mains d'une personne âgée
Deux personnes âgées qui se touchent | @Pixabay

 

Chers amis, chers frères et sœurs,

 

Dans les évangiles, nous lisons que Jésus a souvent été touché, notamment par des malades qui lui suppliaient la guérison. Si Jésus n’était pas touché directement, c’est le bord de son vêtement qui, lui, était touché Ce matin, vous l’avez deviné nous allons parler un petit peu du toucher.

 

Le toucher est un sens qui passe par la peau, les doigts, les mains, la bouche (si nous pensons au baiser) ou bien par une autre partie du corps.

Le toucher est fondamental pour entrer en communication avec quelqu’un, surtout quand les mots n’existent pas encore. Par exemple ? Les bébés : nous savons que les nourrissons meurent, s’ils ne sont pas touchés. Le toucher est fondamental aussi pour les malvoyants, ou les personnes qui n’ont plus accès aux mots, nous pensons aux malades atteints d’Alzheimer,

Dans les Ehpad, nous observons que nos aînés sont beaucoup touchés, de même dans les hôpitaux, quand nous sommes au chevet d’un malade, il nous est tellement naturel de lui prendre la main

 

Ces 2 dernières années, nous avons souffert de ne plus nous toucher !  Plus de bisous, plus de serrement de mains, plus d’accolade, et même, toucher une poignée de porte pouvait s’avérer dangereux !

Il existe de multiples manières de toucher : nous pouvons saisir, effleurer, caresser, masser, appuyer, palper, cogner, frapper, etc.

Au sens figuré, on peut toucher une cible, toucher un salaire, faire une touche ! qui parmi nous n’a jamais été touché émotionnellement par une œuvre d’art, un roman, la beauté d’un paysage, un sourire, une personne, son récit de vie ?

 

Dans l’Ancien Testament, nous trouvons des histoires de toucher parfois rocambolesques. Exemple dans la Genèse, au chapitre 26, il nous est raconté qu’Isaac pour fuir la famine, se rend chez le roi Abimélec, mais il n’est pas seul, il est accompagné de sa femme Rébecca qui, nous est-t-il précisé, était « belle de visage ». Alors, par peur d’être mis à mort à cause de la beauté de son épouse, Isaac la fait passer pour sa sœur. Or un jour, le roi Abimélec les surprend tous les deux et en voyant comment Isaac plaisante, s’amuse, badine, joue avec Rébecca, il découvre que celle-ci n’est pas du tout la sœur d’Isaac mais sa femme ! Aie ! Abimélec n’est pas très content, il se sent trompé, mais rassurez-vous, l’histoire se terminera bien ! Je vous invite à lire la suite dans Genèse 26.

 

Nous avons aussi l’entourloupette de Jacob ! Pour se faire passer pour Esaü, son frère aîné qui, précision importante, était bien velu et bien poilu, et afin de recevoir la bénédiction de son père Isaac, Jacob ne trouve rien de mieux que de revêtir un vêtement en poil de chameau pour que son père, vieux et malvoyant, n’y voit que du feu !  Et ça a marché ! Genèse 27, 21 « Approche-toi donc mon fils, dit Isaac à son fils Jacob,  que je te palpe, pour savoir si tu es bien mon fils Esaü. » Et bien non, ce n’est pas Esaü qu’Isaac va bénir mais Jacob ! C’est par un toucher trompeur, que Jacob va extorquer la bénédiction….

 

Dans l’Ancien Testament nous avons aussi des baisers de réconciliation ! Par exemple entre nos deux frères, Jacob et Esaü qui, des années plus tard, vont se réconcilier « Esaü courut à la rencontre de Jacob, il l’étreignit, se jeta à son cou et l’embrassa. Et ils pleurèrent » Genèse 33, 4.

Même baiser de réconciliation entre David et son fils Absalom. De beaux moments, chargés en émotion…

 

Dans l’ancienne alliance, Dieu reste et demeure intouchable, nul ne peut le voir sans mourir, nul ne peut le toucher, nul ne peut prononcer le nom de Dieu, le fameux tétragramme sacré YHWH …  Mais il y va y avoir un grand tournant, une révolution : Noël ! Dieu se fait homme, Dieu prend visage d’homme, prend corps d’homme.  Dieu, en Jésus, s’approche de nous, touche notre humanité !!

Cela change tout, chers frères et sœurs ! C’est ce que nous appelons du beau mot d’incarnation. Jésus est venu supprimer la distance qu’il y avait entre Dieu et nous. Il y a une louange que peut-être vous entendez parfois au culte : « Entre moi et toi, comme le père serre son enfant contre lui, tu supprimes la distance » …. Voilà le mystère de l’incarnation, le mystère de Noël dont nous sommes tous et toutes aujourd’hui bénéficiaires.

 

Oui, durant son ministère, Jésus a beaucoup touché : il a imposé les mains à des enfants en touchant leurs têtes, il a touché les yeux d’un aveugle, il a touché la langue d’un muet, il a mis ses doigts dans les oreilles d’un sourd muet, et le plus osé : il a touché un homme impur, un lépreux.

 

Jésus a touché mais il a aussi été touché,

  • par la foi des personnes qu’il a rencontrées, cf une femme cananéenne, qui lui implorait la guérison de sa fille : « Femme, ta foi est grande » et il va guérir sa fille…

  • par des pleurs : de Marie, la sœur de Lazare. Devant le tombeau, voyant les pleurs de Marie «Jésus pleura », et… il va ressusciter Lazare

  • par la foule qui erre comme des brebis qui n’ont point de berger :  « il est ému de compassion ». Alors, il se met à leur enseigner beaucoup de choses ». Il va les nourrir, les guider par ses paroles.

 

Et nous ? Avons-nous été touchés par le Christ, par ses paroles ? Si oui, lesquelles ? Sommes-nous touchés par l’amour de Dieu, par son pardon ?  En sommes-nous remués, changés ?

Jésus est venu pour les malades, les fatigués et les chargés de la vie. Il est venu se laisser toucher pour nous apporter la guérison, le salut, la libération. Il est même allé jusqu’à se laisser embrasser par Judas qui, par un baiser, va le trahir !

 

Chers amis, parmi nos 5 sens que sont la vue, l’ouïe, l’odorat, le toucher et le goût, le toucher est certainement le sens qui réduit au maximum les distances entre les êtres. On peut voir à distance, on peut entendre à distance, on peut sentir à distance mais on ne peut pas toucher à distance.

 

Jésus s’est laissé toucher, Jésus s’est laissé approcher, et aujourd’hui encore, il se laisse toucher, approcher par nous, qui que nous soyons. Il n’est jamais trop tard pour nous approcher de Jésus, pour le toucher, même par derrière, même si nous devons nous baisser un petit peu, même si nous ne pouvons toucher ne serait-ce que le bord de son vêtement… « Ah ! Si je pouvais seulement toucher son vêtement, je serais guérie ».

 

J’aimerais terminer par une expression, qui est de moi : « touché-touchant ».

Dernièrement j’ai prêché sur ce texte à l’Ehpad Anna Hamilton à Targon et à un moment, en pleine prédication,je me suis perdue, je me suis mélangée les pinceaux, je ne savais plus qui était le touchant et qui était le touché !! …. Cela m’a un peu contrariée mais en revenant dans la voiture, j’ai réalisé que dans la vie, il arrive que le touché et le touchant soient tellement proches qu’on ne sait plus qui est le touché et qui est le touchant ! En amour, ne parle-ton pas de couple fusionnel ? Et en spiritualité de mysticisme ?  Le croyant aspire à ne faire qu’un avec son Dieu !

 

« Le touché-touchant » : d’abord le touché puis le touchant, aujourd’hui, je vous propose ce sens : d’abord, je suis touché(e) par la grâce de Dieu et ensuite, je réponds à cette grâce, en essayant à mon tour de devenir un « touchant », une « touchante », en cherchant à mon tour à m’approcher de ceux et celles que la vie place sur mon chemin, pour les rejoindre dans leur humanité, leurs besoins, leurs quêtes et leur faire sentir qu’ils sont inconditionnellement aimés.

 

Oui, être des touchés-touchants, quel programme, frères et sœurs ! Voilà, c’est ce que j’ai reçu pour vous ce matin. J’espère que peut-être ce message vous a touchés !!

 

Chers amis, que chacun et chacune soit béni ! Amen !

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