Donnez à César ce qui est à César et donnez à DIEU ce qui est à DIEU.

prédication du pasteur Andreas Braun (sur Matthieu 22,15 à 22)

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Matthieu 22.15 Alors les pharisiens allèrent se consulter sur les moyens de surprendre Jésus par ses propres paroles. 16 Ils envoyèrent auprès de lui leurs disciples avec les hérodiens, qui dirent: Maître, nous savons que tu es vrai, et que tu enseignes la voie de Dieu selon la vérité, sans t’inquiéter de personne, car tu ne regardes pas à l’apparence des hommes.  17 Dis-nous donc ce qu’il t’en semble: est-il permis, ou non, de payer le tribut à César?  18 Jésus, connaissant leur méchanceté, répondit: Pourquoi me tentez-vous, hypocrites?  19 Montrez-moi la monnaie avec laquelle on paie le tribut. Et ils lui présentèrent un denier.  20 Il leur demanda: De qui sont cette effigie et cette inscription?  21 De César, lui répondirent-ils. Alors il leur dit: Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu.

Chers amis

 

Donnez à César ce qui est à César et donnez à DIEU ce qui est à DIEU.

 

A l’époque de Jésus cela a été facile à suivre, nous semble-t-il On prend le dinar,  cette pièce d’argent, on regarde bien et on a pu lire : «  Empereur Tiberius Fils vénérable du DIEU Augustus » et on savait à qui rendre l’argent. C’est quand même écrit sur la pièce, c’est facile. Rendez à César ce qui est à César.

 

Aujourd’hui c’est toujours aussi facile avec notre déclaration d’impôts ou avec les taxes foncières  qui étaient à payer au plus tard cette semaine. La date limite si vous avez voulu payer en ligne était hier, 21 octobre, sinon c’était le 16 octobre et de toute manière c’est trop tard aujourd’hui .

Sur le site à payer vous avez pu le constater, car c’est marqué en grandes lettres : REPUBLIQUE de FRANCE. Voilà – aujourd’hui on dirait plutôt rendez à la république ce qui est à la république … c’est facile, c’est écrit dessus.

En plus, pour rendre à DIEU ce qui est à DIEU, vous savez, que vos dons que vous faites pour l’Eglise sont déductibles  de votre impôt sur le revenu à hauteur de 66 % (pour plus de précision veuillez contacter votre trésorier). De toute façon, c’est clair et net, l’impôt c’est pour César – rendez à César ce qui est à César ….

 

L’Evangile par contre nous parle d’un piège que les pharisiens ont voulu tendre à Jésus. En quoi la question posée par les pharisiens était-elle un piège ? « Est-il permis ou non de payer le tribut à César? »

 

Le problème était le suivant : Si Jésus répond par l’affirmative, en disant : oui il est permis de payer le tribut,  alors il se mettrait clairement en opposition avec toutes les lois et traditions juives et surtout avec le commandement de DIEU, car il est bien écrit : « Tu ne te feras pas d’image de DIEU » et « tu n’auras pas d’autre DIEU » – et les deux commandements, en acceptant la monnaie de César, seraient mis à mal simplement par l’affirmation inscrite sur la pièce d’argent.

«  Empereur Tiberius Fils vénérable du DIEU Augustus ».

En plus, donner de l’argent à l’ennemi, à l’oppresseur – ah non, cela frôlerait presque la trahison de la patrie….

 

Mais si Jésus, ouvertement, s’oppose à l’impôt qu’on devrait rendre à César, alors ce serait la porte ouverte pour le dénoncer auprès des autorités romaines pour rébellion et sa condamnation serait faite dans les jours suivants par des tribunaux romains.

 

Jésus se sauve par une réponse inattendue qui nous guide encore aujourd’hui dans nos réflexions, car nous aussi, nous nous trouvons de temps à autre dans des situations comparables à celle de Jésus. Ce sont des situations qui nous placent entre les lois de notre pays et les convictions de notre cœur.

La réponse de Jésus affirme deux vérités :

Premièrement, il existe des choses qu’il faut rendre à César et

deuxièmement, il existe des choses qui sont à DIEU.

 

Comment faire le tri entre les unes et les autres, entre ce qui est à l’état et ce qui est à DIEU ?

Avec notre déclaration d’impôt c’est encore relativement facile, mais cela se complique terriblement, quand il y a un enjeu plus important, comme la liberté , par exemple ou carrément la vie.

 

Il y a trente ans, quand j’ai commencé mon ministère, le pasteur qui m’accompagnait pendant mon proposanat, me racontait son histoire, où il lui fallait quitter la France pour ne pas faire de la prison,  puisqu’il refusait d’intégrer une armée de soldats et de prendre les armes… tu ne tueras point… il était, quand le service civique n’existait pas encore en France, un objecteur de conscience.

 

Nos parents ou grand-parents  ont peut-être parlé comment il fallait «être rusé» pour faire partie d’un organe de résistance il y a plus de 80 ans, comment il fallait transgresser des lois de la France pour sauver des juifs, et pour aller sciemment contre les nouvelles lois fascistes pour défendre les valeurs de fraternité et d’humanité.

Il y a des situations où « il faut obéir plutôt à DIEU qu’aux hommes ».

Aujourd’hui encore cette obéissance nous est demandée dans des situations qui touchent  à la dignité humaine … au niveau politique avec la question des réfugiés, qui n’a toujours pas trouvé une réponse humaine, une réponse qui respecte la dignité de tout humain et du coup aussi la nôtre.

 

Mais plus généralement au niveau sociétal où nous rencontrons ce nouveau DIEU qui s’appelle « société libérale » ou  « économie mondiale », –  oh oui, – Il semble que la seule valeur sûre qu’il nous reste se compte en unités de dollars ou d’euros, et cela intervient même dans les débats  éthiques avec les questions concernant la fin de vie, quand nous ne pouvons pas payer les soins palliatifs pour tout le monde, –  donc une véritable belle mort pour toutes et tous – euthanasie veut dire : « bonne mort, belle mort » ; – Moins chers – donc mieux – nous semble que celles et ceux qui le souhaitent peuvent mettre fin à leur vie avec l’argument : je ne veux pas peser sur mes enfants  –  autrement dit : je suis devenu trop cher, et ce nouveau Dieu dicte également sa loi et sa manière de réfléchir quand il s’agit du début de la vie humaine… en Allemagne on rencontre souvent la phrase : on ne peut pas se payer un enfant …

De manière de plus en plus urgente, la crise climatique actuelle nous réveille et la jeune génération crie haut et fort pour que nous nous réveillions, mais le « dieu économique » nous rassure : on va trouver une solution, et : il ne faut pas sacrifier notre confort, notre richesse, notre système pour sauver la planète – ce Dieu omniprésent crie plus fort que nos jeunes, et nous tous nous savons, qu’il n’est rien que mensonge, mais combien ce mensonge nous va bien.

 

Qu’est-ce qui revient à César – et –  qu’est-ce qui est à DIEU ?

A partir de quand dois-je vivre la désobéissance vis à vis de l’état ?

Celui qui propose  de donner à César ce qui est à César et à DIEU ce qui est à DIEU, il admet ouvertement, qu’il y a des choses, des pensées, des activités et des actions qui ne sont pas pour l’état mais pour DIEU.

Rendez à César ce qui est à César, mais sûrement pas plus et le reste, tout le reste est à DIEU.

 

Mais quels sont nos dinars aujourd’hui, cette pièce d’argent à rendre à César ?

Comment pouvons-nous définir et fixer les limites et trouver un outil de discernement pour donner à César ce qui est à César et surtout comment donner à DIEU tout ce qui est à lui ?

 

Pour moi il existe une réponse claire et nette : Cette réponse je la découvre souvent en lisant les Evangiles, même si elle n’est pas inscrite comme phrase dans les Evangiles : cette réponse, ce guide dans cette question est pour moi : « l’image de DIEU  » – l’être humain.

Là, où l’image de DIEU – donc l’humain – est menacée, là où il n’est plus respecté, là où sa dignité et son intégrité sont entamées, partout où d’autres valeurs priment sur l’être humain, sur l’image de DIEU, DIEU ne reçoit plus ce qui est à DIEU.

 

C’est le cas, quand les instituts financiers deviennent plus importants que les humains,

quand le profit devance l’ouvrier,

quand les femmes et les hommes se lèvent partout dans le monde, en Iran, au Brésil, en Pologne mais aussi chez nous, parce que la dignité humaine ne vaut plus rien….

quand les hôpitaux ou les maisons de retraite ou les prisons ou les écoles deviennent des outils efficaces pour « faire de l’argent » au lieu d’être des lieux de solidarités, qui par définition  coûtent beaucoup d’argent…

 

Mais aussi quand notre richesse est basée sur la pauvreté des ouvriers en Asie, quand notre paix est payée avec des armes « made in France » vendues dans les pays de conflits…

Plus près de chez nous il y a des réflexions sur les embryons, sur les grossesses artificielles, mais aussi sur l’euthanasie et la dignité à la fin de la vie. Souvent les droits individuels, la liberté et bien d’autres valeurs s’opposent à la seule valeur de la dignité humaine… … l’image de DIEU.

Donc, comment pouvons-nous rendre à DIEU ce qui est à DIEU ?

La réponse la plus simple me semble être celle du témoignage.

Affichez-vous, Eglise chrétienne, faites savoir ce qui est à DIEU, parlez-en autour de vous et prenez position, dites clairement que tout être humain est une image de Dieu.

 

Répétez partout et toujours, qu’aucune valeur, qu’elle soit d’ordre politique, économique, sociale, ou religieuse, rien ne devrait jamais être au dessus de l’être humain, au dessus de l’image de DIEU.

 

Rendez à César, ce qui est à César, mais pas plus et surtout

rendez à DIEU ce qui est à DIEU c’est à dire, tout.

Amen

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