Tout est accompli

Lecture de la sixième des sept paroles de vie d’après le texte du pasteur Antoine Nouis

Bonsoir, je m’appelle Nicodème et je suis pharisien.
Qu’il est difficile, quand on est pharisien, de découvrir qu’on s’est trompé ! Cela fait des années, des décennies que je fais des efforts pour vivre selon notre loi, et aujourd’hui, je me rends compte que je suis passé à côté de l’essentiel.

Tout a commencé il y a quelques mois, quand le Nazaréen était de passage à Jérusalem. J’étais intrigué par cet homme et son message. J’étais surtout impressionné par son attitude. Ce n’était pas qu’un prédicateur de talent, il rencontrait les gens, il priait avec eux et les guérissait de leurs infirmités.

Je suis donc allé le voir, la nuit, le plus discrètement possible. Je ne voulais pas que les gens de la synagogue sachent que je lui avais parlé. Je l’ai interrogé sur ses miracles et il m’a tout de suite répondu quelque chose que je n’ai pas compris : il faudrait naître de nouveau pour vivre le royaume de Dieu.

Lecture par le pasteur Pascal Lefebvre, Église Protestante Unie de Bordeaux, Directeur du Foyer Fraternel

Naître de nouveau ? A mon âge, je ne peux plus faire abstraction de mon passé ni de mon expérience de la vie ! Il m’a aussi parlé de l’Esprit qui est comme le vent qu’on ne peut enfermer dans aucun système, aucune pensée.

Lorsque j’ai quitté Jésus, j’avais écouté ce qu’il disait mais je ne l’avais pas entendu. Je restais avec mes interrogations. Pour moi, l’essentiel… ce n’était pas une question de nouvelle naissance, mais de connaissance de la Torah et d’obéissance. Comme j’avais du respect pour le Nazaréen et que je connaissais les sentiments des religieux à son égard, je lui ai conseillé de quitter Jérusalem et de rester en Galilée.

Mais il a fallu qu’il revienne et ce que je craignais est arrivé ; il a été emmené par les hommes du Sanhédrin. Je suis tout de suite allé voir Caïphe, le Grand Prêtre, pour exiger qu’il ait un procès juste et équitable.

Caïphe m’a répondu que cette affaire l’ennuyait beaucoup. Les relations avec les Romains sont particulièrement tendues en ce moment. Il a fait arrêter le Nazaréen pour le faire taire, afin d’apaiser les tensions. Dans les situations de crise, le rôle du Sanhédrin est de  protéger ce qui peut encore l’être.

Caïphe m’a expliqué que lui-même avait plutôt de la sympathie pour ce prophète mais que sa fonction lui  demandait de rechercher le plus grand bien.

S’il le fallait, ne valait-il pas mieux qu’un seul homme meure pour le peuple, et que la nation tout entière soit épargnée ?

Autant dire que ces propos ne m’ont pas vraiment rassuré. Mais quand j’ai appris la façon dont le procès s’est déroulé, j’ai été profondément meurtri.

C’est la raison pour laquelle je suis monté, moi aussi, au Mont du Crâne.

Ce n’est pas que je doive me justifier, je n’aime pas les crucifixions. Mais le Nazaréen reste pour moi une question.

Quand je l’ai vu humilié, frappé, insulté, méprisé, j’ai tout de suite pensé à ce que disait le prophète au sujet du serviteur de Dieu : Ce sont nos souffrances qu’il a portées, c’est de nos douleurs qu’il s’est chargé… Le châtiment qui nous donne la paix est tombé sur lui, et c’est par ses meurtrissures que nous sommes guéris.

Alors que je pensais à ce passage des Écritures, Jésus a dit : Tout est accompli. Comme si sa mort n’était pas qu’une pure injustice, mais qu’elle était aussi un aboutissement !

C’est à ce moment-là que tout est devenu limpide : C’est par ses meurtrissures que nous sommes guéris… Le  Nazaréen… c’est lui le serviteur dont parle Ésaïe… envoyé pour porter nos souffrances et nous donner la paix.

Pourquoi a-t-il fallu sa mort pour que je comprenne enfin ce qu’il disait ouvertement de son vivant ?

Paradoxes

Celui qui est le Pain de Vie, a commencé son ministère en ayant faim.
Celui qui est la Source d’eau vive, a terminé son ministère en ayant soif.
Il a été fatigué, et cependant il est notre repos.
Il a payé le tribut,
et pourtant il est le Roi.
Il fut vendu pour trente pièces d’argent, mais il opéra la rédemption du monde.
Il fut emmené comme un agneau à la boucherie, pourtant il est le bon Berger.
Il est mort et il a donné sa vie, mais en mourant il a détruit la mort.

Sources d’eau vive

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