Bonne année à toutes et à tous !

prédication de Catherine Golfier le 5 janvier 2025 sur Matthieu 2 v. 1 à 12
Matthieu 2:1-121

1 Jésus étant né à Bethléhem en Judée, au temps du roi Hérode, voici des mages d’Orient arrivèrent à Jérusalem,

2 et dirent: Où est le roi des Juifs qui vient de naître? car nous avons vu son étoile en Orient, et nous sommes venus pour l’adorer.

3 Le roi Hérode, ayant appris cela, fut troublé, et tout Jérusalem avec lui.

4 Il assembla tous les principaux sacrificateurs et les scribes du peuple, et il s’informa auprès d’eux où devait naître le Christ.

5 Ils lui dirent: A Bethléhem en Judée; car voici ce qui a été écrit par le prophète:

6 Et toi, Bethléhem, terre de Juda, Tu n’es certes pas la moindre entre les principales villes de Juda, Car de toi sortira un chef Qui paîtra Israël, mon peuple.

7 Alors Hérode fit appeler en secret les mages, et s’enquit soigneusement auprès d’eux depuis combien de temps l’étoile brillait.

8 Puis il les envoya à Bethléhem, en disant: Allez, et prenez des informations exactes sur le petit enfant; quand vous l’aurez trouvé, faites-le-moi savoir, afin que j’aille aussi moi-même l’adorer.

9 Après avoir entendu le roi, ils partirent. Et voici, l’étoile qu’ils avaient vue en Orient marchait devant eux jusqu’à ce qu’étant arrivée au-dessus du lieu où était le petit enfant, elle s’arrêta.

10 Quand ils aperçurent l’étoile, ils furent saisis d’une très grande joie.

11 Ils entrèrent dans la maison, virent le petit enfant avec Marie, sa mère, se prosternèrent et l’adorèrent; ils ouvrirent ensuite leurs trésors, et lui offrirent en présent de l’or, de l’encens et de la myrrhe.

12 Puis, divinement avertis en songe de ne pas retourner vers Hérode, ils regagnèrent leur pays par un autre chemin.

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Bonne année à toutes et à tous !

Si nous nous référons au rythme de l’Église, nous ne sommes pas au début de l’année. Le commencement de l’année liturgique est le jour du premier dimanche de l’Avent, fin novembre, début décembre.
Mais si nous suivons, dans ces cultes du dimanche matin, le calendrier de la liturgie, nous ne pouvons pas ignorer cet autre rythme autrement plus répandu : celui de notre monde.

Depuis trois jours, vous et moi, nous recevons et nous souhaitons à notre famille, nos amis, nos connaissances, des vœux de santé, de bonheur, de réussite.
Et ce matin, permettez-moi de me joindre à ce concert pour vous souhaiter quelques vœux… évangéliques. Pour cela, nous allons essayer de nous laisser inspirer par ces mages venus se prosterner devant la crèche.

En effet, nous n’en avons pas encore fini avec Noël ! D‘abord parce que ça ne serait vraiment pas la peine de parler de Noël si tout devait se terminer le 26 décembre jusqu’à l’année suivante. Et puis aussi parce que Noël et l’Épiphanie que nous fêtons aujourd’hui, c’est une seule et même fête, le même message. Dieu a beaucoup investi pour nous faire comprendre qui il est en réalité, quelles sont ses intentions pour le monde et ce qu’il attend de nous tous.

L’évangile de Matthieu nous raconte l’histoire de ces mages venus d’Orient pour rendre hommage au Roi des Juifs, dont une étoile leur a annoncé l’avènement. Cette histoire que seul l’évangile de Matthieu nous relate, nous est très connue et chez les chrétiens qui ont entendu ces récits bibliques depuis tout petits, elle appartient aux merveilleuses histoires dont on se souvient parce qu’elles ont émerveillé leurs coeurs d’enfant.
Ce récit porte un nom dans l’année liturgique : c’est l’Épiphanie, qui signifie en grec apparition, manifestation. Il est utilisé ici pour désigner l’apparition, la manifestation de Jésus aux mages et par delà à toutes les nations de la terre.
Remarquons à ce propos que Jésus s’est d’abord manifesté aux bergers, considérés à leur époque comme des parias, des moins que rien et à des mages, des païens venus de l’Orient… !!

Mais, si nous lisons notre texte attentivement, nous voyons que ces mages n’étaient sûrement pas des rois, que leur nombre n’est pas précisé, et quant à l’étoile, ils ne l’ont suivie que sur une dizaine de kilomètres, entre Jérusalem et Bethléem et cela sur un voyage de plusieurs mois.

Reprenons le récit tel que nous le relate l’évangile.
Ces mages sont des savants astronomes, venus probablement de Babylone. De par leurs observations, ils ont une révélation : le roi des Juifs va naître. Ils se mettent en route pour lui rendre hommage et se dirigent vers la capitale des Juifs : Jérusalem où, tout naturellement, doit naître le Roi.
Arrivés dans la ville, ils questionnent la population pour savoir où est le roi. Ils le font avec suffisamment d’insistance pour que la rumeur remonte jusqu’au roi Hérode qui est troublé.
Hérode était un roi mégalomane et paranoïaque qui vivait dans la hantise du complot et avait fait exécuter plusieurs de ses fils, qu’il voyait comme de possibles rivaux !
Lorsque l’évangile dit qu’Hérode est troublé, ceux qui connaissent sa réputation craignent le pire !!
Il interroge donc les autorités religieuses que compte la ville, sur l’endroit où devrait naître le Messie. Ceux-ci citent alors les textes des prophètes Michée et Ézéchiel et désignent la ville de Bethléem.
Remarquez l’ironie : c’est Hérode qui désigne Jésus par le nom de Christ ou de Mesie, donc envoyé de Dieu !!
Il convoque discrètement les mages, les envoie à Bethléem et leur demande d’enquêter pour son compte sur la naissance de ce futur roi des Juifs… afin, dit-il, de pouvoir à son tour lui rendre hommage.
Les mages quittent Jérusalem vers Bethléem et ce n’est qu’à partir de là que l’étoile qu’ils avaient vu naître à Babylone les conduit jusqu’à l’étable. Ils se présentent à la crèche, se prosternent devant Jésus et lui offrent en cadeau
de l’or, symbole du Messie-Roi dont le Royaume n’est pas de ce monde, mais plutôt du monde spirituel,
de l’encens réservé aux offrandes à Dieu, donc symbole de divinité
et de la myrrhe, utilisé pour embaumer les corps, donc annonce de sa mort rédemptrice et de sa résurrection.
Ces trois cadeaux des mages, qui a fait dire peut-être qu’ils étaient trois, sont donc des prophéties en images.
Enfin — et ce n’est pas la partie la moins intéressante de notre récit —, ils désobéissent aux instructions d’Hérode, et rentrent chez eux sans passer par Jérusalem.

De l’histoire de ces mages, nous pouvons retenir pour nous ce matin trois enseignements.
• Tout d’abord, ces mages sont des hommes qui se sont mis en marche et ont entrepris un voyage de plusieurs mois à cause d’une révélation qu’ils ont eue. Et ils ont insisté, et lorsqu’ils sont arrivés à Jérusalem, ils ont enquêté avec suffisamment d’insistance pour que leur présence soit signalée à Hérode. Et ce n’est qu’à partir de ce moment-là, que leur signe s’est manifesté dans sa totalité et que l’étoile qu’ils avaient observée est venue à leur rencontre pour les conduire jusqu’à l’étable
C’est la raison pour laquelle le texte précise qu’ils connurent une grande joie… une vraie joie.
L’histoire de ces hommes est celle de notre foi. Chacun d’entre nous, si nous observons lucidement notre existence et notre monde, pouvons y repérer des signes de la présence de Dieu qui ne sont pas plus fragiles que l’astre que ces astronomes avaient repéré dans leurs observations.
Alors avec Hérode et les mages, nous avons devant les yeux les deux types d’attitude que nous pouvons adopter tous les jours :
• ou bien passer royalement à côté des signes que Dieu nous donne, s’aveugler tellement que même la clarté d’un astre ne pourrait suffire à nous faire lever les yeux au ciel. Et si, d’aventure, l’on nous informait que de tels signes sont bien en train de se produire, cela serait insuffisant pour nous faire sortir de notre léthargie. C’est l’attitude d’Hérode et peut-être de beaucoup de chrétiens aujourd’hui,
qui sont bien paresseux pour se lever et se mettre en route, afin de répondre à ces signes. Et pourtant, si nous le faisions, nous verrions des confirmations de cette présence de Dieu aussi éclatante que cette étoile qui est venue à la rencontre des mages pour les conduire jusqu’au Christ.
• ou bien suivre l’attitude des mages qui ne se contentent pas de chercher ou de s’informer; ils se mettent en marche et, finalement, ils trouvent. Et, alors, et c’est le plus important, ils sont tout à la joie de pouvoir offrir, de pouvoir s’offrir à celui qui est leur espérance.
Et, peut-être passons-nous d’une attitude à l’autre.
Et les mages, païens, venus de Babylone pour répondre à l’appel d’un signe fragile, se sont retrouvés beaucoup plus près du Christ qu’Hérode qui n’était qu’à quelques kilomètres de Bethléem et qui avait à sa disposition toutes les données des Écritures.
Mais ils ont accepté de se laisser interpeller dans leur vie par cet appel de Dieu, alors qu’Hérode voyait dans ce même appel une menace qui risquait de contester sa vie, sa situation et ses certitudes.

• Le second enseignement que ces mages peuvent nous transmettre est celui de leur humilité : ils viennent déposer leurs cadeaux au pied de la crèche. Cette humilité explose à nos yeux lorsque nous redisons qui étaient ces mages et qui ils sont venus adorer.
Les mages, ce sont des savants, des scientifiques de la grande école de Babylone, des hommes qui voyagent, oserions-nous dire : qui participent à des colloques internationaux ? Ils franchissent tous les obstacles pour arriver jusqu’à Jésus, ils avouent leur ignorance, eux qui sont les hommes les mieux informés des connaissances de leur époque, mais qui en savent les limites.
Et en face d’eux qui y a t-il ? un enfant… Pas même un enfant, un bébé, qui n’est même pas né à Jérusalem mais à Bethléem, même pas dans une auberge mais dans une étable.
Et ces scientifiques internationaux se prosternent avec leur richesse et leur savoir devant cet enfant qui sera peut-être le Roi d’Israël, mais qui, ce jour-là, s’est fait petit, humble, pauvre et faible et dans lequel Dieu révèle qu’il est essentiellement amour et humilité et ils déposent leurs offrandes au seuil de cette étable.
Et à nous tous, quelque soit le niveau de nos connaissances, de nos compétences et de nos richesses, les mages viennent dire que tout ce que nous sommes , tout ce que nous avons et tout ce que nous savons n’est rien, si nous ne savons pas les déposer au pied de la crèche et les vivre dans l’esprit des Béatitudes : vous savez : heureux les pauvres en esprit, heureux ceux qui pleurent, heureux ceux qui sont doux, heureux ceux qui ont faim et soif de justice, heureux ceux qui sont compatissants, heureux ceux qui ont le cœur pur, heureux les artisans de paix….
Les mages manifestent ici une lucidité de l’Évangile tout à fait étonnante. Ils ont compris que leurs richesses et leurs connaissances ne prenaient toutes leurs valeurs que si elles étaient offertes à la crèche, c’est-à-dire si elles étaient vécues dans l’esprit des béatitudes.

• Enfin, après avoir relevé la capacité de ces savants à se mettre en marche, après avoir mis en valeur l’humilité de ces hommes, il nous reste à observer leur liberté.
Cette liberté, ils l’avaient déjà manifestée en quittant leurs laboratoires pour adorer dans leur vie celui qu’ils avaient repéré avec leur intelligence. Ils l’avaient confirmé par leur humilité. Il faut une grande liberté pour reconnaître que nos avoirs et nos savoirs n’ont de sens que si nous sommes capable de les offrir à Jésus-Christ.
Cette liberté, elle éclate lorsque, sereinement, ils rentrent chez eux sans passer par Jérusalem, sans obéir au roi Hérode qui leur avait demandé de lui faire un rapport sur ce messie.
Avertis par Dieu en songe, les mages refusent de se soumettre aux ordres du pouvoir. Ils ont la liberté d’enfreindre les ordres d’Hérode. Ils refusent de se laisser séduire par cette sorte de fascination qui rôde autour des sphères du pouvoir.
Pour les mages, la vérité pèse plus lourd que tous les pouvoirs humains : c’est cela leur liberté. Alors, libérés, ils peuvent repartir d’un pas plus léger et par un autre chemin, avec un autre regard, avec d’avantage d’espoir et vers une nouvelle vie, un autre chemin pour un autre avenir. Ils ont compris que ce n’est pas du côté d’Hérode et du pouvoir que se déroulait le projet de Dieu et ils ont changé d’itinéraire. Pourrions-nous, nous aussi, à chaque rencontre avec Jésus, découvrir un autre chemin, ne pas être le même qu’avant, être différent, en voyant les choses et nos prochains autrement, montrer que la rencontre avec le Christ a transformé quelque chose dans nos vies ?

Par la capacité de ces mages à se mettre en route, par leur humilité et par leur liberté, l’Évangile de ce matin nous désigne tout simplement la route sur laquelle Dieu nous appelle pour cette nouvelle année.
Que nous soyons seulement capables de nous mettre en mouvement au nom de l’Évangile,
que nous soyons seulement capables de déposer ce que nous sommes et ce que nous avons aux pieds de Jésus-Christ,
que nous soyons seulement capables d’être libre vis-à-vis de tous les pouvoirs,
et alors, j’en ai la certitude, 2025 sera pour nous une année féconde et bénie.

Amen.

confession de foi (Stan Rougier)

On le voit figé comme un monarque : il est ardent comme un berger.
On le croit initiateur de l’inquisition : il en est la victime.
On l’incrimine d’être une bouée de sauvetage : il nous apprend à nager.
On prétend qu’il est « quelque chose au-dessus de nous » : il est quelqu’un au dedans de nous.
On le cherche chez les justes : il loge chez les pécheurs.
On le cherche dans les chaires de théologie : il est assis dans l’herbe au banquet des amoureux.
On le cherche tenant dans la main la foudre et le fléau : il joue une sardane avec « un roseau froissé ».
On le cherche dans un cimetière : il accompagne sur le chemin deux voyageurs égarés.
On veut le cerner dans le filet des mots : il se pose sur le sourire des enfants.
Vraiment, Seigneur, tu nous étonnes, tu es tellement différent de ce que nous imaginons.
Tu es le Dieu tout autre, tout proche de nous .
Amen.

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