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La parabole des « talents »
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Lecture biblique : Matthieu 25 : 14-30
Une parabole pas simple du tout ! Quelques remarques :
a. Soit la lumière et la proximité du Maître comme récompense, une espèce d’incorporation, faire corps avec le Maître, Dieu, Jésus (Église, communauté humaine, religieuse, …)
b. Soit le noir, la souffrance et les affres de l’éloignement du Maître, une espèce de désincorporation (vie laissée à l’abandon ? autonomie ? forme d’athéisme ?…)
Pour l’évangéliste Matthieu les talents désignent la Bonne Nouvelle que nous avons reçue (Juifs, Peuple d’Israël, les Pharisiens). Chacun sera jugé (voir aussi Mt 25/31 sur le Jugement dernier) selon la manière dont il aura fait fructifier ce don de Dieu. Voilà donc qu’apparaît ici la notion de responsabilité de l’humain devant Dieu.
Chez Matthieu cette manière de faire fructifier ou de se tenir responsable devant Dieu n’est jamais ferveur, joie, voire expression de la foi mais attente active et responsable… mais surtout concrète ! Pas d’intellectualisme ni de pseudo-spiritualisme. Pas un « faire », des œuvres donc qui sauvent ( !) selon le concept toujours répandu des fameuses œuvres méritoires (dans la foi, dans l’imaginaire de la foi ou, plus pratique dans l’ascèse de la foi…). Si Dieu qui fait seul grâce nous fait co-participants à ses propres affaires et ses propres richesses, cette grâce ne saurait nous cantonner dans la paresse, l’oubli ou la légèreté.
Autrement dit : nous sommes comme des « fils et filles à papa » conscients de l’héritage énorme sur lequel nous sommes assis, prêts à l’utiliser plus ou moins mais aussi, plus ou moins à le faire fructifier. Alors là, la grâce surabonde. Aux autres, les « fils et filles à papa » tels qu’on se les imagine, ceux qui dilapident sans jamais se préoccuper de rien si ce n’est de se faire plaisir en tout et tout le temps, elle serait ôtée, détournée… un peu quand Jonas se détourne lui-même de la mission confiée par Dieu et donc s’éloigne lui-même de Sa présence.
Comme dans beaucoup de paraboles ou fables ailleurs on n’est jamais totalement l’un ou l’autre des personnages ou profils décrits mais, tour à tour les deux successivement… quand on n’est pas les deux à la fois !
Leçon ultime : La valeur d’une personne ne dépend finalement pas du nombre des talents qu’elle aurait reçus mais de la façon dont elle les fait fructifier ou les a fait fructifier.
Vous vous attendez à ce que le trésorier vous parle d’argent, ou qu’il vous rappelle que « Dieu aime le don joyeux », etc. Eh bien … pas cette fois-ci.
Je vais plutôt vous parler du temps : ne dit-on pas que « le temps c’est de l’argent » ?
Évidemment, vous ne pouvez pas stocker du temps pour vous en servir plus tard, et pas non plus le mettre à la banque. Si vous avez du temps, vous l’utilisez tout de suite … ou pas du tout. Vous pouvez « garder du temps », le perdre ou l’investir (tiens… mais c’est encore du vocabulaire financier !).
(À l’assistance) et vous : avez-vous du temps à revendre ?
Si le temps vous manque, si vous ne parvenez pas à en prendre suffisamment pour lire la Bible, avoir une vie spirituelle, prier, ne vous étonnez pas si vos tentatives vous paraissent vaines, et qu’elles semblent ne rien vous « rapporter » ; ce petit quart d’heure que vous avez péniblement conservé vous semblera légèrement pauvre, et le culte lui-même ne vous inspirera guère s’il ne s’articule pas avec autre chose. Bref, le peu que vous avez vous sera même retiré !
J’entends déjà la plainte des sur-occupés (dont je fus et suis encore) : comment donc pouvons-nous extraire une heure dans une journée déjà pleine comme un œuf ou d’une nuit trop courte ?
Il ne s’agit pas de cela. Dieu n’est pas une sorte de « psy » ou de « coach » avec lequel on va faire le point… de temps en temps. Il n’est nul besoin d’un agenda ou d’un rendez-vous pour parler avec Lui, car Il est disponible 24 heures sur 24. Converser avec Lui, c’est simplement prier, ce que vous pouvez faire de bien des manières. Par exemple, pour certaines personnes, prier se fait très bien en marchant dans la rue, tandis que pour d’autres c’est plutôt en écoutant ses amis en train de discuter. Mais vous pouvez aussi le faire en conduisant ; pour ma part, c’est quand je roule en vélo que la prière se présente naturellement. Je me souviens encore avec amusement de la période où je faisais le KT il y a quelques années, et expliquais au groupe de jeunes qu’on peut prier n’importe quand et n’importe où, par exemple sur le vélo ; ils m’avaient pris pour un fou, croyant qu’il est nécessaire de fermer les yeux pour prier !
Et donc, je crois que plus le temps qui passe est spirituel, plus notre vie s’enrichit au double (ou plus) de ce que nous y consacrons.
Rien ne vous empêche, cependant, de remplacer quelques minutes (ou quelques heures) de télévision ou de lecture de Facebook par un temps de lecture de la Bible. Et rien ne vous empêche non plus de consacrer quelques heures à votre Église ; et sachez que le Conseil Local vous en sera très, très reconnaissant… foi de trésorier !
Sans cette parabole dite des talents, nous n’aurions pas en français le mot talent et il nous manquerait car il dit beaucoup plus que les mots capacités, aptitudes, dons, dispositions… surtout à notre époque où on a vite fait de cataloguer les gens en fonction de leurs compétences… Pourtant, ces mots peuvent vite nous mettre dans une impasse.
« Talentum », en latin, c’est un poids et une somme d’argent. C’est sans doute pour cela que la traduction en français courant préfère parler de pièces d’or ! et vu le nombre on pourrait presque parler de lingots. J’ai même lu quelque part que 1 talent équivaudrait à 6000 jours de travail.
Je ne sais pas si c’est vrai, mais en tout cas le maître confie à chacun un véritable trésor même si la répartition peut sembler au premier abord inégale voire inéquitable.
C’est donc une somme qui correspond à un avoir suffisant pour vivre toute sa vie.
Un vrai capital ! un véritable trésor ! et non une récompense….
Et ce capital/trésor, le maître le remet, le donne sans consigne, sans reprise, c’est une transmission avec les pleins pouvoirs sur SES biens à lui le maître. Il donne à ses serviteurs des biens qu’ils n’avaient pas avant ! On pourrait dire qu’il transmet à chaque serviteur la liberté de s’approprier pleinement, de mettre à son nom propre, à devenir pleinement dépositaire des biens du maître. Fichtre ce n’est pas rien !
Et qui dit liberté dit aussi responsabilité.
Mais le maître connaît très bien ses serviteurs, Il ne leurs met pas la barre haute, et comme il ne veut pas les enfermer dans une impossibilité à rebondir il confie, donne avec bienveillance à chacun à la mesure de ses possibilités, à chacun selon sa force.
Chaque serviteur est donc libre d’en faire ce qu’il veut.
Les 2 premiers en font commerce donc entrent en relation avec d’autres pour qu’il y ait des échanges. Ils sèment, ils partagent. Ils OSENT ! et font fructifier ce qu’ils ont reçu.
Alors pourquoi le troisième réagit-il ainsi ? Pourquoi est-il précisé qu’il a peur ? Peur de quoi ?
D’où lui vient cette idée qu’il SAIT que son maître est dur ? De son catéchisme ?
Il cache et enterre son capital-trésor. Est-ce par peur de le perdre ? Par égoïsme ? Il vit comme s’il n’avait rien reçu.
Il est comme empêché d’agir, il renonce, il n’ose pas. Est-ce qu’il est vexé d’avoir moins reçu que les autres ?
La peur c’est une émotion qui accompagne la prise de conscience qu’il y a un danger, une menace. Elle est une conséquence de l’analyse du danger et elle permet au sujet de le fuir ou de le combattre. C’est une émotion d’anticipation !
C’est comme s’il se renfermait sur lui-même. Il passe à côté de quelque chose qui aurait pu changer sa vie. C’est comme si il refusait le cadeau ! Il semble n’avoir ni confiance ni affection pour ce maître et du coup il s’enferme dans un légalisme qu’il exprimera par les excuses en rendant intact son capital-trésor : « je n’ai pris aucune initiative, c’est vrai mais je ne t’ai pas fait tort, je te rends ce qui t’appartient » !!! Il ne peut croire au don gratuit et reste dans une logique de la dette.
Il est prisonnier de sa propre vision des choses. Il est prisonnier de l’image qu’il se fait de son maître qu’il croit être jaloux, exigeant, intransigeant, arbitraire. Conséquence : il ne prend pas de risques.
Mais la peur est mauvaise conseillère : elle lui fait avoir une vision déformée de Dieu, et donc aussi de lui-même, des autres, de la vie.
Elle lui fait oublier la raison pour laquelle le maître lui a confié ce capital-trésor. Il est passé à côté de tous les possibles que lui donnait son maître : c’est comme si il n’avait pas compris que la richesse qui lui était confiée était de l’ordre de sa vocation personnelle.
Il ne comprend pas qu’il y a ce don gratuit et généreux d’un Dieu qui nous autorise à vivre et qui nous bénit dans cette vie.
Et c’est là que l’on peut s’identifier à lui ! Comment sortir de la notion du donnant/donnant, comment sortir d’une notion de justice rétributive.
Ne sommes nous pas parfois comme lui, empêtrés par le manque de confiance, la peur de mal faire, encombrés par des images faussées de ce que nous croyons que Dieu attend de chacun de nous.
Dieu ne nous demande pas d’être ce que nous ne sommes pas.
Il nous demande seulement de faire fructifier ce que chacun de nous est, là où il est, comme il est.
Que faisons-nous de cette richesse des talents que Dieu nous a confiée, petits ou grands ? Dans notre vie personnelle, au travail, dans la communauté ?
Car nous sommes tous porteurs d’au moins 1 talent de « bonne nouvelle » à partager, faire fructifier autour de nous !
A chacun de nous de savoir ce que nous voulons en faire.
Et n’ayons pas peur !